« L’univers est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » Cardinal Nicolas de Cuse

Méthodes pour observer le Soleil en toute sécurité

Que peut-on découvrir sur le Soleil ?
L’observation visuelle  de notre astre du jour peut susciter  plusieurs intérêts :
Tout d’abord constater l’activité du Soleil qui si déroule dans la couche colorée jaune du Soleil sensible à l’œil humain. Cela se traduit par l’observation de petites régions sombres sur la surface du Soleil. Ces petites taches sont aussi appelées « zones froides » car la température n’est que de l’ordre de 4500°C par rapport au 6000°C de la surface visible appelée photosphère. Les dimensions de ces taches peuvent varier entre de minuscules points noirs à peine visibles dans un télescope d’amateur à une surface beaucoup plus grande de plusieurs diamètres terrestres et que l’on peut apercevoir parfois à l’œil nu avec une protection spéciale! Le nombre et la densité des taches solaires sont liés au champ magnétique qui varie au cours du cycle solaire sur une période d’environ 11 ans.
Cette activité solaire est quotidiennement mesurée, il s’agit du nombre Wolf.
Ces taches solaires évoluent aussi de jour en jour, elles émergent, changent d’aspect, se déforment alors que certaines zones sombres s’estompent peu à peu. L’évolution de ces taches et d’autant plus évidente lorsque l’on observe le Soleil avec des instruments qui offrent une bonne résolution optique et qui sont équipés d’un filtre visuel « spécial soleil » de bonne qualité.
L’observation du Soleil demande beaucoup de vigilances et de précautions, aucune erreur de conception ni d’assemblage n’est permise.
L’oubli, la chute ou l’utilisation d’un filtre spécial Soleil défectueux entrainera des lésions irréversibles de la rétine, en plus de la destruction partielle de l’instrument .
Heureusement, plus un seul fabricant ne commercialise ses instruments standards avec des petits filtres solaires vissant sur les oculaires et qui constituaient un  réel danger pour les observateurs occasionnel !
Un moyen simple et sécurisant pour surveiller l’activité du Soleil est de se procurer un Solarscope. Cet objet qui ressemble à une maquette en carton permet de pointer le tube objectif vers le Soleil pour projeter son image sur l’écran intégré ; on peut reconnaitre des anomalies « sombres » sur le disque solaire: ce sont les taches solaires. Voilà le concept le plus simple, pas très onéreux et très efficace pour aborder les premières observations du Soleil.
Les autres solutions sécurisantes consistent à placer un filtre d’observation solaire à l’entrée du tube de l’instrument, en d’autres termes, devant l’objectif collecteur de lumière de la lunette astronomique ou à l’avant du télescope. Ce concept élimine la chaleur et la lumière  avant qu’elle ne soit collectée par l’objectif de l’instrument utilisé. Pour des observations visuelles, le taux de transmission de ce filtre solaire doit être de densité 5 soit 1/100 000ème. Cela signifie que seulement 1/100 000ème de la lumière du Soleil atteindra la rétine de l’œil de l’observateur. Ce taux de transmission permet ainsi d’observer le Soleil pendant plusieurs heures sans aucune élévation de température dans le tube de l’instrument ni dans le flux lumineux émergent qui sera grossit et observé. Ces filtres spéciaux offrent aussi une bonne protection dans le rayonnement des UV et des infra rouges. Ils peuvent aussi être utilisés pour réaliser des images du disque du Soleil avec des vitesses de l’ordre de 1/125ème pour 100 ISO à F/D : 10. Pour des applications photos plus spécifiques, on choisira un filtre spécial « imagerie solaire » avec une transmission de 1/10 000ème afin d’utiliser des vitesses d’obturation plus rapides ; attention : ce type de filtre ne doit pas être utilisé pour l’observation visuelle.   

Quel filtre solaire visuel choisir ?

Plusieurs types de filtres solaires existent sur le marché :

Filtre solaire en verre : Il s’agit d’une lame de verre aluminée assemblée sur un support rigide que l’on place à l’entrée du tube de l’instrument. Plusieurs dimensions sont disponibles en fonction du diamètre du pare buée ou du tube de l’instrument utilisé. Ces filtres offrent l’avantage de respecter la couleur naturelle de la photosphère du Soleil et d’être rigides donc indéformables. La mise en place à l’avant du tube s’effectue en quelques secondes. C’est le filtre le plus pratique aussi pour des animations solaire en groupe, pour plus de sécurité je préconise cependant d’ajouter un adhésif entre le support du filtre et le tube de l’instrument afin d’éviter aux « curieux » une manipulation dangereuse pour les copains….. Les lames de verre solaire classiques sont simplement aluminées sans surfaçage optique, elles offrent donc une résolution limitée et ne permettent pas de voir de fins détails dans les structures des taches solaires. Pour atteindre une bonne qualité optique, ces filtres doivent subir un polissage soigné afin que les deux faces de la lame de verre soient planes et parallèles. Opération délicate, qui demande plus de temps, de l’adresse, de la méthode et qui est par conséquent plus onéreuse. Cette conception de filtre reste limitée aux diamètres n’excédent pas 250 à 300 mm, au delà les prix sont vraiment prohibitifs.

Feuille solaire polymère : Cette matière semi rigide est en fait un bon compromis. La couleur du Soleil est jaune orangée, très proche de la réalité et elle ne craint pas les rayures accidentelles. Ces feuilles se présentent sous un format A4, il sera donc nécessaire de confectionner un support pour assembler la feuille polymère sur le tube de l’instrument astronomique utilisé, sur les canons objectifs d’une paire de jumelle ou à l’avant d’un téléobjectif.
Bien entendu le coût de cette feuille teintée dans la masse reste très faible (environ 10 euros), mais elle ne convient pas pour des observations à fort grossissement L’utilisation de ces filtres polymères est convenable pour des grossissements inférieurs à 100x, au-delà les détails des images solaires deviennent confus et floues. Ce type de filtre offre cependant d’énormes avantages pour les chasseurs d’éclipses ou les observateurs « occasionnels » du Soleil.

Film mylar : connu depuis les années 80, ce film a été conçu à l’origine pour des applications électroniques,  aérospatiales, thermiques, etc.…il s’est avéré qu’un jour un astronome amateur a eu l’idée de placer ce film polyester devant l’objectif d’une lunette astronomique, et là surprise : quelques taches solaires étaient parfaitement visibles et sans aucun éblouissement. L’autre grande surprise était que le produit était quasiment gratuit ! Le filtre Mylar a été baptisé filtre solaire Mylar par les astronomes amateurs et il a permis à de nombreux observateurs du Soleil de faire un suivi régulier avec un investissement très modique. L’ère de la surveillance du soleil était lancée tout azimut avec tout type d’instrument. Outre son énorme avantage « prix », le filtre Mylar présente toutefois un léger inconvénient lorsque l’on augmente un peu les grossissements : la diffusion. En effet, au-delà d’un certain grossissement, les images deviennent un peu « laiteuse », par manque de contraste. L’exemple est encore plus frappant si l’on grossit un groupe de taches avec des zones dites « tempérées » ou si l’on observe le bord du soleil. L’application de ce film mylar aluminé sur deux faces a donné des idées quelques années plus tard à Thomas Baader qui a crée la feuille Astrosolar.

Feuille solaire astrosolar : Ce substrat a été crée en 1998 et avec le professeur Dragesco j’ai participé aux premiers tests sur le ciel (sans aluminure bien sûr) pour comparer, analyser et valider la qualité optique de ce nouveau substrat. L’éclipse du 11 aout 99 visible dans toute l’Europe a boosté les ventes de cette grande nouveauté aux qualités optiques remarquables. Aluminée double face et d’une épaisseur de 12 microns, cette feuille très sécurisante peut s’adapter simplement avec un élastique de maintien sur les tubes optiques. Peu importe les plis ou la non planéité de cette feuille devant l’objectif, ils n’auront aucune conséquence sur l’image finale même avec un fort grossissement. Bien entendu pour des observations régulières du Soleil, il faudra confectionner un support adapté à votre instrument.

La feuille astrosolar existe en format A4, format 100 x 50 cm et format 117 x 117 cm en densité 5 pour l’observation visuelle. Les astrophotographes trouveront aussi des feuilles Astrosolar de densité 3.8 au format 100 x 50 cm.
Les premières observations du Soleil avec un instrument modeste ne font aucun doute sur les révélations optiques de ce produit. Auprès des observateurs parfois occasionnels, il m’arrive souvent de leur faire découvrir pour la première fois les grains de riz sur la surface du Soleil avec une lunette de 100 mm de diamètre ! Pour cela il suffit d’utiliser un grossissement de l’ordre de 150 à 200x, de soigner la focalisation et de « tapoter » sur le tube de l’instrument pour constater l’aspect ciselé de la photosphère. Ces zones rapidement changeantes de quelques milliers de kilomètres deviennent accessibles avec peu de moyens. Les meilleures images de la photosphère solaire sont obtenues avec l’utilisation de ce filtre Astrosolar placé devant l’optique d’un télescope de grand diamètre. Dans des conditions de très faible turbulence, une bonne optique de 600 mm équipée d’une feuille astrosolar révèlera des images hors du commun !
L’énorme avantage de cette feuille est qu’elle est commercialisée en grande dimension, elle peut être aussi découpée pour l’utiliser sur des jumelles, appareil photo, etc.…même un peu froissée, elle assure une très bonne sécurité. Les puristes ajouteront un filtre orangé sur l’oculaire pour retrouver une couleur un peu « chaude » du Soleil et être plus proche de la réalité mais l’on s’habitue très vite à la légère dominante blanche bleutée.

Confection d’un support pour filtre souple :

Découper 2 bandes dans un carton souple de 1 à 2 cm de largeur. La longueur devra être supérieure de 5 cm par rapport à la circonférence du tube de l’instrument.
Assembler la première bande sur la périphérie du tube de l’instrument. (Photo 1)
Assembler la deuxième bande sur la précédente pour tenir compte du diamètre supérieur puis retirer là.
Préparer une feuille Astrosolar ou couper au ciseau une surface pour recouvrir le diamètre du tube plus au minimum 4cm.
Positionner le tube de l’instrument vertical et assembler la première bande (photo 1).
Poser la feuille Astrosolar sur l’entrée du tube. (Photo 2)
Engager la deuxième bande sur la feuille Astrosolar de manière à recouvrir la première.
Vérifier l’assemblage et viser le Soleil. (Photo 3)
Après la séance d’observation, positionner le tube optique horizontalement pour retirer le support complet semi rigide.
Ce support pourra être réutilisé plusieurs fois suivant le soin apporté.

Filtre Continuum: Le nec plus ultra et le complément idéal d’un filtre astrosolar.
Ce filtre a été spécialement étudié pour l’observation de la photosphère pour atténuer les effets de turbulence tout en augmentant le contraste. Il se visse sur l’oculaire et doit être utilisé obligatoirement en complément avec un filtre solaire adéquate placé à l’avant du télescope ou de la lunette astronomique. Le filtre solaire Continuum Baader possède une bande passante extrêmement étroite, seulement 8 nm. Il agit comme un filtre monochrome sur la lumière provenant du Soleil, ainsi, la source émergente de ce filtre n’ai plus sensible aux mouvements d’air, l’image n’est plus agitée.  La latitude et l’incertitude de la mise au point est beaucoup plus réduite et de ce fait la focalisation devient beaucoup moins hésitante, plus précise et plus rapide. L’image du soleil apparaîtra soit nette, soit floue, l’observateur n’aura plus la sensation de voir une image cotonneuse entre ces deux extrêmes. Certes la couleur du soleil sera dans des tons verdâtres mais tous les fins détails dans les taches solaires seront révélés même avec des instruments modestes. L’observation et le suivi régulier du soleil vous fera découvrir toutes les perturbations et les agitations de la photosphère solaire. Ce filtre sera aussi très précieux pour des utilisations en photographie pour rehausser les contrastes sans agir sur le gain de la caméra vidéo. Ce nouveau filtre solaire Continuum est disponible au coulant 31.75 mm et 50.8 mm.

L’Hélioscope d’Herschel
Pour les passionnés des observations solaires, la qualité des images révélées avec  l’hélioscope d’Herschel Baader est encore bien au delà des feuilles Astrosolar, il est sans conteste  l’accessoire le plus performant pour observer la photosphère avec une lunette astronomique. La nouvelle version  commercialisée en 2010 sera la troisième génération du fabricant Baader. Utilisateur assidu de la version précédente, l’hélioscope Baader m’a toujours révélé des images hors du commun avec des détails insoupçonnés dans la structure des taches solaires. Ce nouveau modèle comporte un diffuseur de chaleur qui est scellé sur une tuile céramique pour prendre au piège les 95% de l’énergie éliminée. La diffusion ne provoque pas de  surchauffe dans l’environnement immédiat et ne génère donc pas  de turbulence. Cette dernière version intègre en plus un chercheur solaire pour faciliter la visée sur le Soleil sans éblouissement et donc sans rétractation de la pupille.  La céramique translucide remplace en quelque sorte l’écran de projection solaire d’antan.
La mise en place demande cependant un peu de vigilance et de méthode. La procédure de montage sur l’instrument commence par l’assemblage de l’hélioscope équipé de ses filtres internes dans le porte oculaire de la lunette astronomique. Après cela, il faut visser un autre filtre protecteur sur l’oculaire utilisé avant de l’introduire dans l’hélioscope. Lorsque cet ensemble est sécurisé, on peut viser l’astre du jour et ôter le cache avant de l’objectif de la lunette.
Suivant les conditions d’observation, plusieurs filtres neutres de densité différente sont livrés avec l’hélioscope afin de  limiter le flux émergent. Pour les observateurs qui souhaitent « doser  à volonté » en un tour de main  le flux lumineux, je vous conseille d’ajouter le filtre polarisant Baader à l’avant de votre oculaire. Ainsi, en tournant de quelques degrés l’oculaire sur lui-même, vous obtiendrez une image plus claire ou plus sombre suivant votre désir ou celui de votre voisin, ou encore suivant la hauteur du Soleil au cours de la journée.
Chacun sait que les images du Soleil sont souvent « agitées » à partir du milieu de journée. Pour limiter la turbulence, un filtre Continuum est livré avec l’ hélioscope. L’efficacité de ce filtre sur l’image est redoutable, surtout lorsque que l’on observe des facules sur le bord du Soleil! De même pour découvrir la granulation avec une lunette astronomique de taille raisonnable.  Certes, le Soleil apparaît sous une couleur un peu verte mais le gain en contraste et en stabilité sur les images fait oublier ce manque de naturel. Quel bonheur de suivre attentivement les structures complexes et aléatoires d’une tache solaire avec l’aspect de la photosphère en grain de riz résolue….

Qui n’a pas rêvé d’observer des protubérances solaires !
Il y a quelquefois confusion entre l’observation de la photosphère du Soleil, la surface que l’on voit à l’œil nu avec nos lunettes de soleil et l’observation de la chromosphère solaire qui nécessite un filtre spécial généralement assez couteux. Ce filtre isole la raie H Alpha située à 656.3 nm et transmet ce rayonnement étroit de couleur rouge pour permettre de visualiser ces fameuses protubérances solaires. Autrefois réservé à une élite, les filtres et instruments « H alpha » se sont bien démocratisés depuis quelques années avec l’arrivée sur le marché du fameux PST Coronado (Personal Solar Telescope). C’est l’instrument le moins onéreux de la gamme qui permet de voir les jets de matière brûlante jaillir autour de la couronne solaire. Cette petite lunette solaire  permet une première approche et génère souvent une véritable passion pour l’observation régulière de la chromosphère solaire.
Contrairement aux observations de taches solaires qui semblent statiques au cours de la journée, les protubérances sont très actives et changent d’aspect toutes les dizaines de minutes voir de minutes en minutes quand il s’agit de protubérances éruptives jaillissant soudainement au bord du Soleil ou de sa surface. Je reste toujours ébahi devant cet impressionnant spectacle qui se déroule à 150 millions de Kilomètres, quasi en direct, avec seulement 8 minutes de retard !

Le premier instrument  pour observer les protubérances a été inventé par Bernard Lyot : il s’agit du coronographe. La technique consiste à reproduire une éclipse artificielle au foyer d’un instrument et à isoler la raie H Alpha avec un filtre large bande. L’étude de la couronne solaire avait commencée…
Ce concept a été repris et simplifié par T. Baader pour être compatible avec des petites lunettes astronomiques amateurs. C’était un accessoire merveilleux dans les années 80 dont le coût était accessible. Le contraste des images des protubérances se détachent parfaitement bien sur un fond noir. Notre attention est portée uniquement sur la périphérie du Soleil ce qui limite aujourd’hui les applications compte tenu de l’évolution des produits arrivés sur le marché. Pour bénéficier d’une bonne occultation du disque du Soleil, il également indispensable d’utiliser la « lunette coronographe » sur une monture équatoriale motorisée sur les deux axes. Il faut savoir que dès que le disque du Soleil s’écarte du cône occulteur, l’œil est un peu ébloui par la lumière rouge plus intense et les protubérances deviennent difficilement visibles. Aujourd’hui, ce concept est peu utilisé sauf pour les nostalgiques.
Aujourd’hui, des fabricants proposent des instruments spécifiques pour l’observation de la chromosphère solaire : Coronado, Daystar, Lunt Solar Spectrum…Bien entendu il existe différents modèles de ces lunettes solaires, les détails, le contraste et la qualité des images augmentent avec les diamètres du collecteur de lumière, les prix croient encore beaucoup vite !
En plus du PST, la firme Coronado propose des tubes optique de 40, 60, 70 et 90 mm de diamètre, Daystar 60 mm et Lunt de 35 à 152 mm.
Une autre solution consiste à ajouter ce type de filtre H alpha sur un instrument standard : lunette ou télescope. Il y a deux concepts : soit placer un filtre étalon Fabry-Perrot devant l’objectif de l’instrument complété d’un filtre de « blocage énergie » en sortie (solution Coronado et Lunt, soit utiliser un pré filtre pour réduire et rejeter une partie de l’énergie solaire avant qu’elle ne pénètre dans le tube optique et assembler le filtre sélectif H Alpha en sortie (solution Daystar et Solar Spectrum Baader).
Le premier concept est limité pour le diamètre du filtre d’entrée, maximum 90 mm pour Coronado et 100 mm pour Lunt d’où la résolution en conséquence. Certes, ces deux fabricants annoncent commercialement des diamètres supérieurs, je reste à ce jour perplexe sur cette fabrication « grand public ». Ces réalisations offrent l’avantage de pouvoir bénéficier d’un large champ avec la longueur focale originale de l’instrument utilisé. Le second concept nécessite un rapport d’ouverture de F/30, il sera donc nécessaire d’augmenter la longueur focale primaire en ajoutant un convertisseur optique grandissant avant le filtre sélectif H Alpha. Une lentille de barlow 2x, 3x ou 5x peut convenir mais il existe le fameux « télécentric Baader » 2x ou 4x dont les traitements de surface sont optimisés pour la raie Hydrogène H Alpha avec une qualité optique remarquable. L’intérêt de cette configuration est de profiter pleinement du diamètre d’origine de l’objectif et de sa résolution théorique.  Dans ce cas, longueur focale sera aussi augmentée d’un facteur 3 ou 4, le champ sera donc plus réduit mais avec une image de la chromosphère perçue avec beaucoup plus de détails. A noter que l’on peut aussi ajouter après le filtre un autre système optique pour réduire la longueur focale résultante afin d’augmenter ainsi le champ.

Ces filtres sont également thermostatés pour préserver constamment la fenêtre du spectre transmis  appelée bande passante quelque soit la température ambiante. Une petite variation de la température nominale permet aussi d’observer des protubérances jaillissantes dans la direction de la Terre donc de compenser l’effet Doppler.
Depuis l’écriture de cet article, Daystar commercialise des filtres solaires Quark pour observer le Soleil dans différentes longueurs d’onde:

filtre Quark Chrominence pour l’observation détaillée de la chromosphère
filtre Quark Prominence pour l’observation détaillée des protubérances
filtre Quark Calcium pour l’observation détaillée des facules
filtre Quark Sodium pour l’observation détaillée des taches solaires
L’utilisation et la performance de ces filtres sera détaillée dans un prochain article.

Quel système choisir?
Le premier instrument permettant de voir les protubérances autour du disque solaire  et à moindre prix et sans conteste le PST Coronado. Pour un prix inférieur à 900 €uros, vous découvrirez et vous pourrez suivre l’activité incessante sur la périphérie de la chromosphère solaire.
Si vous souhaitez un instrument plus performant mais compact et une grande facilité et rapidité pour la mise en place, les lunettes solaires Lunt Solar System, Coronado Solar Max et Daystar SolaREDi conviennent parfaitement. Ces tubes peuvent être supportés sur un trépied photo stable. Des assemblages sont également prévus sur une monture équatoriale standard pour faciliter le suivi et augmenter le confort.
Dans toutes ces marques, il existe plusieurs catégories d’instruments classés en fonction de la largeur de la bande passante. Plus la bande passante est étroite, meilleurs sont les détails de la chromosphère solaire et plus le prix augmente !

Une bande passante comprise entre 0.8 et 1 Å permet de voir les protubérances en périphérie du soleil et souvent sans détail sur la surface du disque.
Une bande passante de 0.7 Å permet de repérer et de visualiser une grosse activité sur le disque dans des conditions acceptables.
Une bande passante comprise entre 0.5 et 0.6 Å convient parfaitement pour distinguer de fins filaments sur des protubérances actives, de suivre la rapide évolution des protubérances éruptives au cours des minutes sur un fond noir, de visualiser les protubérances quiescentes et les spicules et de suivre l’activité inattendue et parfois intense sur le disque solaire. Les images seront très contrastées et l’utilisation de forts grossissements est envisageable dans de bonnes conditions de transparence.
Les bandes passantes situées entre 0.3 et 0.4 Å sont généralement réservées aux Universités et Observatoires. Cette tolérance est assez difficile à réaliser et bien entendu le prix est souvent beaucoup trop élevé pour les astronomes amateurs. Ce type de filtre doit être utilisé dans un environnement idéal pour qu’il révèle toute sa richesse d’information contenue dans les images.

Si vous souhaitez observer les protubérances solaires avec vos propres lunettes astronomiques sans toutefois dépasser le diamètre de 100 mm, la meilleure solution consiste à adapter soit un pré filtre avec un étalon (solution Daystar et Solar Spectrum Baader) ou un filtre étalon à l’entrée avec un filtre de blocage avant l’oculaire (solution Lunt et Coronado). Ce système offre aussi l’avantage d’économiser l’optique réfracteur et de bénéficier d’une qualité supérieure en bord de champ dans le cas d’une utilisation d’une lunette apochromatique par exemple.
Si disposez d’un réfracteur « haut de gamme » d’un diamètre égal ou supérieur à 140 mm, il est préférable de choisir la combinaison filtre de rejet à l’entrée avec filtre H alpha avant l’oculaire (solution Daystar et Solar Spectrum). Le pouvoir séparateur sera optimisé au diamètre réel de votre objectif donc des images « insolentes » de détails avec une bonne transparence. Le rapport d’ouverture de F/30 nécessaire à cette combinaison augmentera votre focale résultante ce qui sera un atout supplémentaire pour scruter les fins détails de la chromosphère agitée. Il est évident que si vous contemplez ces images en vision binoculaire, vous perdez la notion du temps d’observation et vous oublierez vos rendez-vous en contemplant ce spectacle est fabuleux !

Et pour boucler la boucle….
Depuis quelques années ces mêmes fabricants ont développés également des filtres qui isolent l’une des raies Calcium proche des UV dans le but d’observer des zones de rayonnement intense autour des taches solaires. L’œil peut difficilement déceler l’image violette, très foncée au travers d’un filtre Calcium H ( 3969 Å ) et quasi impossible pour la raie Calcium K (3933 Å). Ces filtres sont utilisés uniquement en imagerie monochromatique.
A noter que Baader Planetarium commercialise un filtre au coulant de 31.75 mm qui transmet ces deux bandes passantes pour un prix très modique et dont les résultats sont très surprenants !

Le nec plus ultra :
Si vous disposez d’une tête binoculaire, c’est le moment de la sortir, vous serez « bluffé » par les images….
Pour augmenter la qualité des images, on peut « doubler » le filtre étalon ( Cornado, Lunt) à l’avant du tube optique, le contraste est supérieur.
Daystar commercialise une roue à filtres prévue pour observer le Soleil dans plusieurs longueurs d’onde. Gain de temps considérable puisqu’un seul instrument  sera utilisé pour observer le Soleil dans les raies H alpha, Calcium H et Calcium K, le coût reste cependant élevé pour cet achat unique !

Procédure pour observer le Soleil avec un filtre assemblé sur le tube de l’instrument:
Avant de viser le Soleil, suivre les processus suivant :
Pointer le tube de l’instrument sous l’horizon
Enlever le cache de l’instrument
Emboiter le filtre solaire densité 5 à l’avant du tube
Enlever le chercheur ou laisser le cache protecteur ou ajouter également un filtre protecteur
Pointer le Soleil en minimisant l’ombre du tube de l’instrument projetée au sol
Focaliser avec un grossissement de l’ordre de 50x
Affiner la centrage et la mise au point avec un grossissement de 80x
Examiner l’activité sur le disque du Soleil et placer au centre du champ visuel l’une des zones d’activité.
Choisir un oculaire de plus fort grossissement pour examiner les détails.
Visser un filtre Continuum sur l’oculaire pour atténuer l’agitation atmosphérique et pour accroitre la résolution.
Visualiser, dessiner, photographier l’instant présent pour comparer avec les jours suivant.

 

Conseils pour observer le Soleil :

Les observations du Soleil sont toujours optimisées lorsque le Soleil est au plus haut sur l’horizon. Le problème est que l’agitation atmosphérique croit aussi avec l’élévation de la température au sol et la température ambiante. Après de nombreuses expériences,  j’ai constaté depuis de nombreuses années que les meilleures observations se déroulaient régulièrement entre 7h et 9 h TU l’été et 10h et 11h TU en hiver. Il y a bien sûr des situations et des conditions particulières comme par exemple après une pluie orageuse ou viser le Soleil au dessus d’une grande étendue d’eau qui est beaucoup plus tempérée.
Installez-vous confortablement pour conserver une vision stable derrière l’oculaire. Pour cela, procurez-vous un siège réglable en hauteur et prendre le temps de contempler et découvrir les fins détails.
Retirer le chercheur optique, il est inutile pour viser le Soleil.
Confectionner un déflecteur de lumière assemblé sur le tube de l’instrument pour vous protéger.
Recouvrez votre tête d’un tissu noir pour atténuer la lumière ambiante, les images seront encore plus contrastées.
Contrôler votre filtre : le tenir dans la main et regarder le soleil à travers à l’œil nu, si des « éclats brillants apparaissent, il faut le changer.
Attention : le Soleil ça chauffe ! Ne pas oublier un chapeau, une protection solaire et de l’eau.

Quelques applications pour des observations en groupe ou des animations :
Mettre en évidence le mouvement journalier de la Terre en faisant sortir volontairement du champ le disque du Soleil ou annulant le suivi automatique.
Mettre en évidence la rotation du Soleil sur lui-même : Prenez des repères visuels ou dessinez la position des taches solaires sur le disque solaire afin de les comparer les jours suivants.